J’aime plutôt capter une image que d’être « capturé »… Mais il s’agit sans doute de l’une des rares photos qui puisse parler de mon travail et des difficultés rencontrées en tant qu’Officier des Affaires Civiles de la Mission des Nations Unies pour la STAbilisation en Haïti (MINUSTAH). Sur la photos, avec les casques bleus argentins, j’attend que les jets de pierre tarissent pour entrer dans l’école, parler aux élèves et essayer de les calmer.
Pour revenir sur l’histoire, un centre de traitement du choléra (CTC) de Médecins sans Frontières à Saint-Marc (Artibonite), a été attaqué mercredi 27 Octobre par des manifestants.
Les manifestants sont des élèves de l’école Sanon Derac, une école qui se trouve juste à coté du CTC. Les élèves refusent que le CTC soit installé à coté de leur école. Ils sont en fait manipulés par un syndicat de professeurs qui participe aussi au lancement de pierres et de cocktails molotofs.
Une fois dans l’école , je parle aux élèves qui refusent de m’écouter. Je leur propose de venir participer à une réunion avec la direction départementale de la Santé, MSF, et les autorités locales. Rien n’y fait… Je sort de l’école sans voie.
Cet incident aura considérablement ralenti la capacité d'intervention de l'ONG humanitaire dans la lutte contre l'épidémie, qui 1 mois après ces événements n’a toujours pas trouvé de CTC et doit traiter les malades de cholera à l’hôpital.
Cette situation semble faire l’affaire des organisations locales et des Unités Communales de Santé, qui sont des lors plus visibles puisque le cholera est traité dans les hôpitaux et centres de santé publics.
En réalité, 25% de mon travail comme Officier des Affaires Civiles consiste dans la réalisation de médiations, qui impliquent ONG, autorités locales, société civile et Agences de l’ONU.

UN, MSF and other organisations partner to relieve the wounds left by the hurricanes

Gonaives, Haiti, 8 September 2008

The roads leading to Gonaives were cut off by land slides and floods this weekend, the UN moving aid primarily by helicopter. The basic infrastructure of this city of 300’000 people has been destroyed. At the Raboteau hospital, on the western edge of Gonaives a 7 years old boy alternates between crying and wailing in pain. His father says that a wall collapsed falling on the boy’s hand.
Two physicians and a nurse from Medecin Sans Frontieres, and 4 Cuban doctors and one Haitian Doctor are the only trained medical staff at this Hospital. Doctor Efraim Fahardo from Honduras works for MSF Belgium since March 2007. He is preparing to operate the boy’s hand while a Cuban doctor is administrating the anaesthetic. Slowly the boy’s cries loose their intensity and he falls asleep. “The boy will probably loose part of the mobility of his hand” says Doc Fahardo.
Cade Cadou, the administrator of this hospital says this is one of the two medical clinics in Gonaives that are still functioning and he says he is running out of supplies. “We almost finished our fuel; we only have enough for tomorrow and maybe the next day”. Cadou also says they are running low on medicine.
Gonaives has always been a poor place in the poorest country of the whole American continent. Now the streets of this impoverished city are filled with abandoned cars, broken televisions and dog bodies abandoned in muddy waters. You can find whatever type of debris: The legs of a doll are taken away towards the open see.
A week after Hurricane Hanna hit Haiti, residents go back and forth to check there residence or what’s left of it. Some of them remained and slept on their roofs. The water at knee level, Wendy, who was lucky enough to have a house with two floors, went to by some Oat. She bought it for 15 Haitian Dollars, the equivalent of 2 American Dollars. "Almost the double of the usual price", she says. In these times of crises the prices of food have gone quite up in the flooded Gonaives.
In the Hospital the Doctors haven’t had a break since they arrived early this morning, but continue to work hard despite the fatigue. The MSF Doctors arrived with the first UN flight right after hurricane Gustav was gone. "We came with a team of 8 people, 2 Doctors, 3 nurses, 3 logisticians and me. We also brought with us a thousand kilos of drugs and medical tools” says Massimiliano cosci, MSF’s chief of mission from UN HQ in Gonaives. “As we arrived, we went to make an assessment of the medical facilities still operative in the city. We met the Cuban Doctors who were overloaded and couldn’t do a lot since they had finished all there drugs. We came with the drugs and started working the same day with the Cubans." The Hospital in Raboteau is the only one with Chirurgical capacity. On their first day, MSF has consulted 110 patients and made 16 chirurgical operations in collaborations with Cuban Doctors.
From UN HQ in Gonaives, UN Humanitarian Coordinator, Eric Mouillefarine leads the operation addressing to the different NGOs and UN Agencies, all partners to relieve the wounds left by the hurricanes. “We have only distributed aid in higher parts of the city since we weren’t able to find a secure place to proceed to the distribution in the lower part of the city.” Said Eric Mouillefarine who was already coordinating the relief aid in 2004 when Jeanne killed 300 Haitians. Meanwhile the brave Pakistani Blue Helmets, who started fasting last week, are distributing water in the lower parts of the city, still flooded by the hurricane waters, while Argentinean peacekeepers stick scrupulously to the orders.

Le pèlerinage de Saut d’eau, patrimoine culturel d’Haïti

Juillet 2008

Chaque année, aux alentours du 16 juillet, c’est par milliers que les pèlerins se rendent à Saut d’eau, localité située à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Port au Prince. Venus des quatre coins d’Haïti et des terres d’immigrations que sont les Etats Unis, le Canada et la République Dominicaine, ils arrivent à pied, à dors d’âne, en taptap ou en voiture en quête de réponses et de confort spirituel ou pour solliciter les grâces de la vierge.

C’est au mois de Juillet 1848 que la vierge miracle serait apparue pour la première fois à un paysan de la zone qui l’aurait aperçue au sommet d’un palmier, à la base des chutes d’eau, là ou les eaux de la rivière Latombe percutent avec force la terre pétrifiée et désormais sacralisée par l’événement.

Sur le chemin des chutes, nombreux sont les visiteurs qui font un détour par l’église de la Vierge Bakal afin d’assister aux premières célébrations de la journée. Sur les marches à l’entrée de l’église des mendiants venus faire appel à générosité des pèlerins se ruent sur le moindre passant.

Avant qu’il ne fasse jour, le trafic est déjà intense : voitures et taptaps s’accumulent les uns à la suite des autres jusqu'à ce que plus rien ne bouge. Même les taxis-moto n’arrivent plus à se frayer un chemin et sous les coups de klaxon des chauffeurs impatients, les pèlerins n’ont d’autre choix que de continuer à pied.
En cours de chemin, sous un arbre, la foule s’accumule pour observer un serpent et l’on crie déjà à l’apparition d’une incarnation d’Erzulie, déesse de l’amour. Certains pèlerins s’arrêtent pour allumer des bougies et un sanctuaire voué à cette Loa du Panthéon Voudou s’improvise.
Une fois arrivés au « saut », les visiteurs se rassemblent dans le bassin, sous les chutes d’eau bénie. Avant de se baigner, Marie, une commerçante résidant à Port au Prince est allée acheter des herbes chez l’un des nombreux vendeurs que l’on peut trouver tout au long de la descente, longue d’une centaine de mètres, qui mène depuis l’entrée jusqu’au au bassin. « Basilic et souci pour la chance, capable pour les maux de reins… Chaque herbe a sa fonction », explique Marie tout en déchiquetant les feuilles et en versant du rhum à terre pour les Guinée. Avec le mélange d’herbes obtenu, elle se frotte énergiquement tout le corps afin que la potion fasse son effet et la maintienne en bonne santé. Tout autour d’elle, les hommes comme les femmes se débarrassent de leurs vieux vêtements impurs. Avec ce geste symbolique, tous espèrent que les difficultés, les problèmes et la maladie s’en iront et ruisselleront avec l’eau, « comme si on abandonnait une vieille peau ».

Sur les cavités de l’arbre qui a pris racine au milieu de l’un des bassins d’où dévale l’eau sanctifiée par l’apparition de la vierge, les fidèles allument leurs bougies et lui adressent leurs demandes. A bras ouverts et à voix haute, Jacques Verrettes, agriculteur originaire de l’Artibonite, prie pour ses proches. « Je dois de l’argent que j’ai emprunté pour payer la scolarité de mon fils. Que la vierge m’entende et m’aide à rembourser cette dette. » Jacques a beau travailler sur son carreau de terre avec acharnement, mais les maigres revenus ne peuvent suffire à soutenir toute la famille. « La vierge est miraculeuse, elle ne me refusera pas cette faveur… » A proximité de l’arbre, le bruit de la cascade arrive à peine à masquer les cris d’une fidèle entrée en transes. Sous les convulsions, son compagnon a du mal à la retenir. Il lui lie un foulard bleu autour du bras et lui fait boire du rhum, « afin que l’esprit soit apaisé et abandonne son corps.»
Bientôt, une musique se fait entendre, c’est le rara qui fait sont entrée dans le Saut. Tous les bassins sont désormais bondés de monde et il devient difficile pour certains de trouver une place où se baigner. Certains jeunes s’amusent à se jeter de l’eau et sont réprimandés par les plus vieux. « Avant ce n’était pas comme Ça, les gens venaient de partout pour adorer la vierge et se purifier… Mais aujourd’hui les jeunes viennent pour s’amuser en créant du désordre…», indique René en quittant les lieux. Cet haïtien de la diaspora qui habite aux Etats-Unis depuis une quinzaine d’années ne perd jamais un pèlerinage.
Sur le chemin du retour vers la petite agglomération de Saut d’Eau, les pèlerins, purifiés par les eaux, mais aussi affamés, s’arrêtent pour se restaurer dans les nombreuses cuisinettes improvisées que l’on peut trouver tout au long de la route.
Après avoir travaillé une vingtaine d’années dans la restauration aux Etats Unis, Lionel Calvin est revenu s’établir en Haïti en 2005. De son frère, il a hérité d’une parcelle où il a aménagé un petit restaurant. Depuis peu il a acheté une parcelle juste à côté de la source. « J’aimerais y construire un hôtel avec une trentaine de chambres… ». D’après lui, si les visiteurs savent qu’il y a un endroit où dormir, manger et se relâcher à proximité du Saut, ils viendraient en grand nombre tout au long de l’année. « …mais tant que la route n’est pas améliorée et asphaltée, il est difficile d’attirer qui que ce soit. » Pour arriver à Saut-d’Eau, il n’y a qu’une entrée véhiculaire, un tronçon de 6 ou 7 Kms entre Carrefour-Dubuisson et Saut-d’Eau, qui peut mettre plusieurs heures à être parcouru.
En Haïti, le manque d’infrastructures constitue un frein au développement du tourisme et à la juste « mise en valeur » de lieux de culte tels que Saut d’Eau. Tout au long du mois de Juillet, d’autres cérémonies voudou et pèlerinages ont lieu un peu partout à travers le pays, comme à Plaine du Nord ou au Cap Haïtien. Le développement des infrastructures routières constitue une condition de base à l’exploitation d’une ressource des plus précieuses en terre d’Haïti : ses fêtes religieuses, festivals et pèlerinages. Sur ce point, l’asphaltage de la route entre Mirebalais et Port au Prince, dont les travaux sont en cours, constitue un progrès remarquable.

Haiti Chiquito à Cuba

Chronique d'une diaspora oubliée
Mars 2008, Cuba

Consuelo Doris Dias est « cubaine sur le papier, mais haïtienne de sang », puisque tant son père come sa mère sont haïtiens. « C’est pour moi un honneur d’être haïtienne, de provenir de la même terre qui a donné naissance à des hommes aussi illustres que Toussaint Louverture, Pétion, ces grands hommes qui ouvrirent le chemin de la liberté, non seulement aux ressortissants de leur pays, mais aussi aux autres pays colonisés et opprimés dans le monde ». Le père de Consuelo s’appelait Augustin et venait comme la grande majorité des Haïtiens ayant immigré à Cuba, de la région des Cayes, Ocay comme l’appellent les haïtiens de Cuba. Il est arrivé en 1932 à Santiago de Cuba et son idée était de faire de l’argent pour revenir chez lui en Haïti.

Lors de la deuxième vague migratoire qualifiée d’économique[1], à partir de 1911, un groupe d’hommes d’affaires cubains développait une association visant à fomenter l’immigration avec, pour principal objectif, l’importation d’une main d’œuvre haïtienne et jamaïcaine bon marché. L’entrée massive d’immigrant antillais à Cuba commençât légalement avec le décret n° 23 du 14 janvier 1913, à travers lequel on autorisait la Nipe Bay Company, entreprise américaine, à importer 1060 travailleurs antillais qui seraient employés dans le travail de la canne. Cette importation atteignit son point culminant à l’âge d’or de la production sucrière.
Les entreprises étrangères et cubaines profitaient des mauvaises conditions de vie qu’avaient les Haïtiens comme Augustin et des facilités offertes par les Gouvernements des deux pays. Avec les promesses qui leurs étaient faites d’une vie meilleure, ils se vendaient comme main d’œuvre moins chère et déplaçaient ainsi des milliers de travailleurs Cubains qui n’étaient pas prêts à accepter ces payes misérables pour la coupe de la canne.
Cette main d’œuvre haïtienne originaire en grande majorité des Cayes venait à cuba, trompée par les fausses informations qui leurs étaient données par les intermédiaires haïtiens sur la coupe de la canne. Durant ces 3 premières décennies, l’importation de main d’œuvre haïtienne était contrôlée par des intermédiaires Haïtiens, les contratistas. Chaque contratista regroupait une à deux dizaines de travailleurs qui resteraient sous son contrôle une fois à Cuba. Chaque groupe de contratistas avec ses travailleurs respectifs formait un chargement de 200 à 300 travailleurs. Ces Haitianadas, comme on les qualifiait de manière dépréciative, partaient des Cayes vers la cote sud-orientale de Cuba, traversée qui durait environ 24 heures. Une foi débarqué, chaque travailleur devait rétribuer le contratista avec une partie de son salaire pour lui avoir trouvé du travail et facilité le voyage à Cuba.
Mais une foi arrivé à Cuba, le père de Consuelo a du se confronter à la réalité, les maigres salaires ne permettaient jamais d’accumuler l’argent du retour. « Finalement il a fini par se marier ici dans la région de Oriente ou il a connu ma mère ».
Aux femmes, l’on racontait qu’elles viendraient laver des bouteilles pour 1 dollars par jour… Mais la réalité voulait qu’elles travaillent dans la prostitution, pour servir de distraction aux hommes arrivés seuls dans les premiers flux de la deuxième migration (entre1913 et 1923).
Pour compléter leurs maigres revenus, les haïtiens, comme le père de Consuelo réalisaient une migration vers les régions orientales productrices de café. Contrairement à la coupe de la canne, la récolte de café s’effectuait de manière individuelle et permettait de réaliser des gains substantiels. L’objectif était de réaliser des économies pour revenir, mais le jour du retour n’arrivait jamais.

Selon l’Anthropologue Cubain Rafael Salvador Garcia Graca[2], ils seraient officiellement 145.000 haïtiens à avoir, comme Augustin, entrepris le voyage vers l’eldorado Cubain entre 1911 et 1957 ; mais ce serait sans compter ceux qui sont entrés clandestinement. Le gouvernement Cubain viendra même à en expulser certains. « En 1937, durant la dépression économique, lorsque l’industrie sucrière tournait au ralenti, on les attrapait dans les rues et ils étaient envoyés à Santiago pour être rapatriés par bateau. Ce phénomène resta cependant circonscrit à la région de Camaguey et ne concernât qu’une minorité d’individus ».

Comme une majorité d’immigrés Haïtiens, le père de Consuelo a appuyé la révolution. « J’avais 9 ans lorsque triompha la révolution. Mon père avait l’impression que Fidel venait avec un changement pour les plus pauvres et il a donc supporté et aidé la révolution ». Très vite on lui mit a disposition de la terre et sa ferme fut légalisée. Augustin participa à la première rencontre de paysans en arme, sur le front oriental mené par Raul Castro en 1958. La situation de ce qu’était jusque là l’immigrant haïtien changea radicalement. Chaque Cubain d’origine Haïtienne a désormais, au même titre que les cubains, droit à un salaire mensuel et à une maison ainsi qu’à une pension. On reconnut à tout les haïtiens en âge d’aller à la retraite ce droit fondamental qui venait récompenser leurs dures années de labeur. En 1986 un décret voit le jour, stipulant que les Cubains d’origine Haïtienne sont exemptés de présenter un certificat indiquant le nombre total d’heures travaillées afin de toucher leurs indemnisations de retraite car, selon une maxime du propre commandante Castro, « c’est sur leurs épaules qu’a pesé le développement de l’économie haïtienne ». Avant 1959, l’Haïtien réalisait les travails manuels les plus durs comme la coupe de la canne ou la récolte du café. Longtemps ces communautés vivront en repli sur elles mêmes. « Beaucoup de préjuges pesaient sur le Haitien. On le disait Brujo, Santero… Lorsqu’ils ne voulaient pas se faire comprendre, ils parlaient créole.
Mais la plus grande victoire aura été, pour chaque Cubain d’origine haïtienne, la possibilité de réaliser des études gratuites au même titre que tout autre cubain. Ainsi, les troisièmes et quatrièmes générations, possèdent aujourd’hui en majorité un diplôme d’études supérieures. « Nous sommes 10 frères et sœurs et nous avons tous étudié». C’est la plus grande conquête de la minorité haïtienne de Cuba. Vues leurs conditions de vie et de travail avant 1958, ce sont eux qui ont le plus gagné avec la révolution.

Journaliste de profession, Consuelo joue un rôle prépondérant dans la communauté Cubaine d’origine Haïtienne. « Nous travaillons en forme de comité de façon à créer une Association d’Haïtiens descendants et résidants à Cuba ». Ce comité existe depuis 1926 et a été revitalisé en 1991. Ce que Consuelo oublie de mentionner, c’est que ce projet de légalisation de l’association est sur la table du gouvernement depuis plusieurs années, officiellement à l’étude. A Cuba, les associations sont susceptible de se transformer en parti politique, d’où la réticence des autorités. Cependant, pour réaliser des activités culturelles et folkloriques, la communauté haïtienne n’a pas besoin de reconnaissance juridique. La défense du créole a été l’objectif n°1 du comité depuis ca revitalisation en 1991. Comme le patois, terme utilisé à Cuba qui veut dire créole, n’est pas enseigné dans les écoles, le comité se charge de trouver des volontaires afin qu’il soit enseigné aux nouvelles générations. « Le patois est un bien donné par nos ancêtres et il nous faut lutter pour ne pas le perdre ». Mais même à la maison, les nouvelles générations parlent aujourd’hui espagnol. D’après Consuelo, cela s’explique du fait qu’avant, l’Haïtien préservait sa langue pour éviter de se faire comprendre par les autres. Comme il était mal vu, marginalisé, il se sentait comme un renégat. Successivement, le créole est resté comme une langue que l’on parle à la maison. Ceci a contribué au maintien de la langue et du folklore. Il existe d’ailleurs plus de 35 groupes folkloriques Haïtiens à travers Cuba. « Mais aujourd’hui, indépendamment de ton origine, tu peux aller partout et accéder au différents clubs ou associations. Tu peux étudier dans le domaine de ton choix. De grandes figures du monde du sport, de la musique et da la politique sont d’origine haïtienne. « Cuba a changé, et les haïtiens de Cuba aussi. Plus besoins de se cacher comme un renégat…. »

En marchant dans les rue de Haïti chiquito à Camaguey, le vent souffle et soulève à son passage des nuages de poussière. Arquimede fronce les sourcils, sans toute fois se protéger le visage. Il est le petit fils d’Eva Lubin, une Haïtienne arrivée à Cuba en 1925 à l’âge de 4 ans. Comme la majorité des Cubains, Arquimede a deux travails. L’un donné par l’état, son travail officiel, et l’autre à son compte, grâce auquel il complète ses maigres revenus. Il se rend de maison en maison vendre des T-shirts et des sacs. « Je suis bien obligé, car ce n’est pas avec 250 Pesos que je vais réussir à manger… 250 Pesos National c’est à peu près 14 dollars américains, comment veux-tu vivre avec ca ? ». Si tout va bien, Arquimede devrait réussir à gagner 3 dollars, ce qui devrait lui suffire pour la journée. Quand à son travail officiel de gardien, il réalise les heures minimum, de façon à pouvoir faire un peu d’argent. « Si on ne te rétribue de façon à ce que tu puisses te nourrir correctement, et bien tu te fous de ton travail à la fin ». C’est ainsi que tout le monde fait. « Tiens regarde le docteur la. Il passe plus de temps dans ca voiture a faire le taxi qu’à l’hôpital. »
Bientôt nous arrivons chez Yvonne, 79 ans, née à Cuba de parents Haïtiens. Après nous avoir offert le café, comme tout Haïtien qui se respecte, Yvonne s’essaye à quelques pas de danse. C’est elle qui a appris à sa fille Rafaela à danser le ba cadri.
Rafaela travaille elle comme serveuse à l’hôtel Colon. Un hôtel pour touristes qui se trouve au centre-ville. Elle perçoit un salaire de 300 Pesos National et une somme de 10 Pesos CUC (équivalant en tout à 26 Dollars américains). Il existe en effet deux monnaies à Cuba, l’une pour les Cubains, le Peso National, et l’autre pour les touristes, le Peso CUC. Cette différence de traitement ne manque pas d’irriter les Cubains qui souvent se demandent pourquoi certains produits de base sont vendus en Pesos CUC à des prix prohibitifs qui leurs sont donc presque inaccessibles.
Puis c’est une voisine du quartier qui passe vendre un peu de viande de vache à Yvonne. A Cuba il est interdit, pour un Cubain, de posséder de la viande vache chez soi. « La vache c’est pour les touristes… Nous on doit manger du cochon. Mais Rafaela veut offrir un peu de viande de vache à sa maman. Ces côtelettes on bien l’air dénuées de chaire, mais qu’importe, rafaela tend 60 pesos (moneda National) à sa voisine afin d’acquérir le précieux met.

A Camaguey, c’est la semaine de la Culture qui est dédiée cette année à Eva Lubin, chanteuse haïtienne connue de tous les haïtiens de la région.
Une dizaine de groupes folkloriques sont là, avec entre-autres, bonito patois, le groupe Folklorique de Eva. Malgré toutes les difficultés on danse et le rhum coule à flots. Le rha rha, leve table, baton tresse… tout le folklore haïtien est là. On se croirait en Haiti, mais c’est Haiti Chiquito à Camaguey, Cuba.

Depuis leur arrivée à Cuba, les haïtiens ont subi les restrictions qui s’imposaient à eux : exploités par les grandes entreprises opérant dans le secteur de la canne, leurs bas salaires les maintenaient dans une relation de dépendance face aux contratistas. Le fait qu’ils acceptent de venir travailler pour moins d’argent que les cubains, contribuait à leur exclusion de la société. Vus par les cubains comme des renégats, des étrangers, les Haïtiens ont eu tendance à vivre repliés sur eux-mêmes et ont continué à utiliser leur langue et leur folklore. Mais avec la révolution, l’alphabétisation de la minorité haïtienne et l’accès légal au monde du travail ont grandement contribué à leur intégration au sein de la société Cubaine. Cubains à part entière, les deuxièmes et troisièmes générations ont réalisé des études supérieures et sont aujourd’hui ingénieurs, médecin, instituteurs… Il ne fait aucun doute que, vues leurs conditions de départ, ils ont énormément gagné avec la révolution ; mais les difficultés économiques sont grandes. Si le tourisme est perçu comme une ressource, il est aussi source de rêve et beaucoup de Haïtiens se mettent à rêver au retour mythique vers Haïti cheri.

[1] Le premier phénomène migratoire, qui date de l’indépendance haïtienne, est qualifié de politique car les français établis jusque là en Haïti se s’installent avec leurs esclaves a Cuba, ou l’esclavage ne sera interdit que beaucoup plus tard en 1868.

[2] Musicien et chercheur de la culture traditionnelle populaire cubaine qui s’est intéressé de près à l’immigration haïtienne et jamaïcaine à Cuba.

Le tap-tap : un symbole roulant

Lieu de rencontre, d’échange et
d´expression d’une culture populaire
Port au Prince Haiti, Decembre 2007

Moyen de locomotion le plus utilisé en Haïti, le tap-tap vient répondre à une demande de plus en plus forte des haïtiens en faveur d’un transport relativement rapide et bon marché. Depuis le début des années 90, ou l’on a pu observer une certaine accélération de l’exode rural vers la capitale et les grands centres urbains, ces véhicules se sont multipliés et sont aujourd’hui l’une des causes du mal-être sur les routes haïtienne. A l’origine de nombreux accidents et du ralentissement de la circulation, les tap-taps restent néanmoins un lieu de rencontre et d’échange et une expression même de la culture populaire haïtiennes.
Etes-vous déjà montés sur un taptap ? Il s’agit généralement d’un pick-up ou d’un camion transformés en bus. Coût du transport ? De 5 à 10 gourdes. Vitesse maximale? 30 à 40 km/h. D’après le président de ’Union Nationale des artistes Tap-tap Haitiens (UNATH), association regroupant différents secteurs participant dans la construction des Tap-taps, la première camionnette, aurait été construite en Haïti en 1939, conçue par un garagiste, avec l’aide d’un allemand, pour relier Port-au-Prince Petit- Goâve. Ce premier modèle fut baptisé « Maman Marie ». Aujourd’hui, il en existe de toutes les couleurs et grandeurs, avec toutes sortes de dessins et d’inscriptions. Par tradition, chaque propriétaire fait de son bus une oeuvre d’art avec des images, des proverbes et des citations. Chaque tap-tap suit sa propre thématique, fruit de l’imagination de son propriétaire. Ferronnier, charpentier, électricien, artiste peintre… tous se sont mis à l’oeuvre pour faire du tap-tap « l’expression roulante » de la culture populaire haïtienne. Sur certains tap-taps, l’on pourra lire : « Jésus mon sauveur » à l’écoute de champs religieux. Ces églises ambulantes sont assez communes dans la capitale et très utilisées pour se rendre à son lieu de travail, à l’école ou partout ailleurs. Pascale aime discuter lorsqu’elle prend un tap-tap, mais en général, elle n’intervient que dans les discutions ou l’on parle de l’évangile et de la parole de Dieu et évite toutes autres discutions qu’elle trouve, selon ses propres mots, « superficielles ». Il y en a pour tous les goûts. Les plus jeunes pourront rimer au rythme de Wyclef Jean, l’idole du public haïtien, très populaire en Haïti. A chaque chanson de Wyclef, on croit entendre un Simidor, sorte de troubadour version haïtienne, chanter la tradition tout en donnant la cadence aux travailleurs des champs. Peut être la musique rend-elle au conducteur son travail moins difficile ? En réalité, la musique est devenue pour les chauffeurs un moyen de courtiser les passagers et ils n’hésiteront pas à mettre le volume au maximum, au péril de vos tympans. Pour beaucoup, les jeunes surtout, la musique est devenue un critère de sélection. Bébélia travaille à la Base logistique de Nations Unies, non loin de l’aéroport et circule en tap-tap presque quotidiennement. Elle aime voyager «avec un bon son», mais dit éviter les tap-taps ou la musique est trop forte.
Les scènes d’amour sont aussi largement reproduites sur ces véhicules. Qui n’a pas vu passer ce tap-tap, qui circule à proximité des Champs de Mars, avec le fameux baiser d’autant en emporte le vent ou Vivien Leigh fonds littéralement dans les bras de Clark Gable ? Il ne faudrait pas oublier les dieux Afro-haïtiens comme Papa Legba, dieu qui « ouvre » la barrière et laisse passer. Les tap-taps à son effigie sont rares, mais très recherchés par certains voyageurs.
Mais les tap-taps sont aussi un lieu de rencontre ou les inconforts de la route sont partagés par tous. Il s’agit d’un lieu ou s’exprime à la foi solidarité et ras-le-bol. Lorsque cet engin s’arrête, pour déposer des passagers, des mains se tendront afin d’aider les gens à se lever, sortir, descendre ou monter. Mais l’attitude contraire est aussi fréquente et certains passagers n’auront aucun scrupule à pousser leurs voisins afin de se frayer une petite place. L’utilisation qui est faite de ce moyen de transport reste très attachée au mode de vie haïtien et l’on retrouve dans le tap-tap la même promiscuité, la même capacité à tirer profit des espaces réduits. Il y a toujours de la place dans un tap-tap, même lorsqu’il est bondé. C’est peut-être ce qui le rend aussi dangereux. Si les passagers sont souvent conscients du danger, ils semblent, comme Henri, vouloir indiquer qu’ils n’ont pas le choix : « J’ai déjà eu un accident par le passé, mais heureusement, rien de grave ne s’est passé. En tout cas, c’est ça ou rien… je ne peux pas me permettre d’aller à pieds au travail… et le taxi est bien trop cher »
Il est vrai que les tap-taps ne respectent aucunement les règles les plus fondamentales du code de la route, mais cela met aussi en exergue le manque de moyens de la Police Nationale Haitienne de mettre en application ces règles. Peut être pourrions nous assister dans les prochains mois, avec la reforme en cours de la Police Nationale Haitienne, à un changement dans l’utilisation et la physionomie des tap-taps, preuve que ce symbole roulant est un reflet de la société haïtienne et des changements qu’elle traverse ? En tout cas, si le tap-tap est un moyen de transport dangereux et source de nombreux maux sur les routes haïtiennes, il n’en demeure pas moins le seul mode de transport bon marché (à part le vélo) et l’expression d’une culture populaire, de ses influences, de ses aspirations et de ses croyances.

Lettre à mon cousin


Bujumbura, le 2 Aout 2007

Salut cousin,
Je viens aux nouvelles. Tu m'écris si peu... Pour ne pas parler du reste de la famille. Le seul qui m'écrit régulièrement, c'est mon père... Mais rassure-toi, je ne t’écris pas pour me lamenter.
Malgré une certaine solitude, "certaine", car on est difficilement seuls ici au Burundi, je me porte très bien. Ah « la solitude »… ce terme masque une certaine réalité ambiguë. Que tu te promènes au marché, dans la rue ou au bord du lac, tu es rarement seul, du moins physiquement seul. Surtout lorsque tu es un muzungu (blanc), et bien plus encore lorsque tu es un muzungu qui aime sortir et rencontrer du monde. Ici, les gens te dévisagent, ils te questionnent, t’interpellent… Ca fait partie de la culture : A l’image des abeilles qui communiquent toutes entre elles de façon à ce qu’il soit clair pour toutes oú trouver les fleurs à butiner afin de produire le miel, et contribuer au bien être de l'essaim, le Burundais n’économisera point de mots pour aborder cette fleur porteuse de pollen qu’est le muzungu.
En réalité, tes codes culturels et les valeurs que tu as reçues ne sont pas les mêmes, et cela fait de toi un poisson immergé dans une mer qui n’est pas la tienne. Cependant, lorsque tu appends à connaître les eaux dans lesquelles tu évolues, tu t’adaptes et finis par te sentir moins seul. Lorsque l’abeille vient butiner à toi, lorsque le cheval vient boire à ta source, tu comprends et tu souris …. Tu ne peux et ne doit empêcher aux moineaux de venir picorer quelques miettes et cristaux de sucre à ta table… Mon cristal de sucre à moi, c’est l’humour… Lorsqu’on vient me demander de l’argent, j’offre à certains un miroir de la situation. Je les imite. Ca les fait rire, et lorsqu’ils rigolent, je rigole aussi… et nous rions tous ensemble… Le miroir, c’est du théâtre et c’est un truc qui marche…
Comme j’aime rire, et comme j’aime aussi la solitude, et bien je me sent relativement bien ici au Burundi…
Je continue à nager tous les jours à midi et à jouer au foot 1 à 2 fois par semaine. Alors sache que dès mon retour il te faudra m’inviter à jouer un match avec ton équipe.
Comme je te l’ai déjà dit, je ne compte pas renouveler mon contrat. Celui-ci prendra fin en décembre, date à laquelle je prévois de revenir. J’ai décidé de revenir par voie terrestre en traversant une partie de l’Afrique jusqu’en Egypte. C’est un voyage à faire une foi dans sa vie…
Cousin, je sais que tu as beaucoup de travail et qet que tes enfants t'autorisent à peu de liberté, mais donnes quand même de tes nouvelles. Comme dit le proverbe, « ce que tu écris est ce qui te ressemble le mieux», alors écris cousin… sinon comment savoir à quoi tu ressemble ?
Um abraco,

"Reçois ce bâton qui a été donné par Ntare Rushatsi à ton père et à ton grand père"


Ce samedi 24 juillet, nous nous rendons, mon collègue Abbas de Radio BINUB et moi, à Carama, à quelques kilomètres à peine de Bujumbura pour réaliser un reportage sur l’investiture de plusieurs Bashingantahe. Arrivés sur les lieux de ladite cérémonie, les tambourinaires font vibrer les peaux de vache avec leurs bâtons. Tout au tour des tentes montées pour l’occasion, les enfants jouent et dansent au rythme des tambours. Les représentants du Conseil National des Bashingantahe viennent d’arriver et s’installent sous la grande tente. La cérémonie peut commencer. Les Bashingantahe viennent accueillir les nouveaux prétendants et les escortent à leur place.
Un Mushingantahe prononce un discours au mégaphone. Je ne comprend pas le kirundi et me fait traduire le début du discours par un collègue journaliste. Les prétendants à l’investiture changent de place pour s’installer au centre du rectangle formé par les tentes. Derrière, leurs parrains (umuhetsi) sont la pour témoigner de l’engagement des nouveaux arrivés dans l’institution. Chaque candidat s’engage solennellement à trancher les litiges bénévolement, en toute impartialité et sans considération d’ethnie d’origine ou de provenance régionale. Les parrains posent leurs mains sur les épaules des prétendants qui, en frappant le bâton rituel (intahe) par terre, prêtent serment (indahiro): « si je trahi ce serrement, que je sois maudit ».
D’après la tradition orale, l’institution des Bashingantahe remonterait à Ntare Rushatsi, roi fondateur de la monarchie vers la fin du XVIIème siècle. Le fondateur mythique de l’institution aurait été Sacega, qui aurait rendu des arbitrages célèbres au temps du premier roi : au moment de l’initiation à cette fonction, on se référait toujours à cette origine avec la formule : «Reçois ce bâton qui a été donné par Ntare Rushatsi à ton père et à ton grand père». Ainsi, le fondement de l’Institution, sa première raison d’être, est le règlement des différends. Un, deux, trois coups de bâton et, à la manière des juges dans un tribunal, le litige était irréversiblement réglé.
Au de la de cette fonction primordiale, les tâches dévolues aux Bashingantahe consistaient aussi à réconcilier les personnes et les familles ; authentifier les contrats (mariages, successions, ventes, dons…) ; veiller sur la vérité et la justice autour de soi ; assurer la sécurité des personnes et des biens, où que l’on soit ; conseiller et équilibrer le pouvoir politique à tous les niveaux ; parler en faveur du bien commun, des droits de l’homme et de la responsabilité socio-politique, chaque fois que de besoin ; authentifier, au nom de la population, le nouveau roi, le nouveau chef et le nouveau sous-chef ; veiller à l’écologie des mœurs ; représenter la population en toute circonstance ; juger de l’opportunité de la guerre (kugera urugamba) ; faire observer le code guerrier en cas de violence armée et procéder à l’arrêt des hostilités ; organiser les négociations et la réconciliation après une guerre. Ces tâches étaient coulées dans des codes culturels et dans une investiture fortement ritualisée. Cette investiture avait une valeur d’alliance entre la famille nucléaire du Mushingantahe/Sage et la population.
Mais comment cette institution traditionnelle cohabite-t-elle avec les nouvelles institutions post-crise ? « On aurait pu penser qu’avec les élections, les Bashingantahe auraient pris parti pour certains partis politiques, plus favorables au maintien de nos institutions traditionnelles, comme l’Uprona, mais il n’en est rien. On a par contre pu constater leur rôle apolitique », nous fait remarquer Zenon Manirikiza, coordinateur du Conseil National des Bashingantahe. Il reste que certains incidents sont survenus entre Bashingantahe et élus locaux, avec les récentes élections collinaires. Les élus locaux qui ont bénéficié d’un mandat du peuple ne tolèrent pas d’être subordonnés aux Bashingantahe alors que ces derniers ont été investis en raison de leur notabilité, leur sagesse et surtout leur intégrité. « Les élections collinaires ont eu lieu au lendemain de la victoire écrasante du Cndd-Fdd et beaucoup d’élus locaux proviennent de ce parti. Ce sont pour la plupart des jeunes hommes ou jeunes femmes. Rares parmi ces élus sont les « Bashingantahe » traditionnellement investis, qui ne sont d’ailleurs pas reconnus par le Cndd-Fdd au pouvoir », me confie un Mushingantahe.
Cette institution est-elle en train de se réformer, pour s’adapter à l’évolution des mœurs du Burundi contemporain? En tout cas, la Charte des Bashingantahe a toujours privilégié la famille comme corps pour l’investiture des nouveaux Bashingantahe, au lieu de faire reposer l’Institution sur des individus. A travers le nouveau Mushingantahe, c’est toute sa famille nucléaire qui est investie. Les femmes seules, veuves ou célibataires, sont aujourd’hui incorporées dans une nouvelle structure, mise sur pied par le Conseil National des Bashingantahe et appelée « Abashigikirantahe » (les points d’appui de la sagesse). L’investiture de la femme comme individu, indépendamment de son mari, n’a pas été envisagée par le Conseil National des Bashingantahe. Les femmes seules, regroupées dans cette nouvelle structure des « Bashigikirantahe » constituent un bénéfique groupe de pression au sein de l’Institution des Bashingantahe.
Les Bashingantahe auraient souhaité que leur institution soit mentionnée dans la constitution post-transition, mais cela ne s’est pas fait. Leurs codes culturels ont été malmenés par le régime colonial et par les régimes post-coloniaux qui se sont succédés au pouvoir, mais ils restent une référence pour une grande partie de la population vivant dans les campagnes.





Le HCR institue une aide financière aux rapatriés Burundais de Tanzanie

Ruyigi, Burundi, le 11 Juillet 2007


Ce mercredi 11 Juillet, le centre de transit de Nyabitare en province de Ruyigi était inhabituellement bondé. En effet, 248 réfugiés transitaient par le centre, alors que ce nombre ne dépassait pas la cinquantaine en début de semaine dernière. Cette nette progression s’explique par l’institution d’une aide financière de 50.000 FBU par personne visant à encourager le retour au pays des quelques 153 000 réfugiés burundais qui vivent dans les camps au Nord- Ouest de la Tanzanie.
Cette mesure instituée par le HCR vient répondre à la demande du Gouvernement Tanzanien formulée au mois de juin de voir plus de réfugiés revenir chez eux, surtout après les améliorations observées ces derniers mois au niveau de la sécurité.
C’est d’ailleurs ces progrès que les rapatriés semblent mettre en avant comme raison principale de leur retour. Jean, 44 ans, père de 5 enfants de 1 à 17 ans s’est décidé à revenir car il a appris que «la paix était totale au Burundi». Ces nouvelles lui sont parvenues par la radio. Comme lui, beaucoup de Burundais en exil en Tanzanie à l’écoute de la Radio burundaise (RTNB), Bonesha FM, Isanganiro, etc. ont suivi l’annonce du cessez-le-feu suite aux accords de Dar-es-Salam. Avec toutes les améliorations qui ont suivi, ils ont décidé de se mettre sur le chemin du retour. Jean se dit satisfait par cette aide de 50000 FBU : «En fuyant le pays, on a énormément perdu, on nous a pillé nos chèvres et nos biens. Dans les camps on n’avait rien, on ne pouvait même pas travailler et donc acquérir des biens», dit-il d’un air agacé avant de continuer : «Je remercie le HCR qui a introduit cette assistance, qui nous permettra de reconstruire notre maison et de remplacer la chèvre volée et les autres biens ».
Cette aide de 50.000 francs vient s’ajouter au paquet retour auquel ont droit les rapatriés. Il s’agit d’une assistance en vivres et non vivres dont la quantité varie suivant la taille de la famille : draps de lit, couvertures, nattes, bidons, ustensiles de cuisine, pagnes et houes. Pour ce qui est des vivres, chaque réfugié reçoit une ration de survie comprenant maïs, riz, petits pois, haricots, huile sel et sucre. Cette ration de survie distribuée par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) est depuis peu passée de 3 à 4 mois.
Jafet, 18 ans, attend patiemment son tour pour recevoir son paquet retour. En arrivant au centre il se fait photographier et commence les premières démarches afin d’obtenir sa carte d’identité nationale qui lui permettra de bénéficier des services administratifs burundais. Jaffet passe ensuite par un poste d’enregistrement pour obtenir une attestation de reconnaissance lui donnant accès aux services sociaux de base. Une fois reçu son paquet retour, il pourra passer au comptoir de la COOPEC pour toucher la première tranche de 10.000 FBU. Cette somme devrait lui permettre de régler ses frais de transport. Les 40.000 FBU suivant, Jafet les touchera dans les jours qui suivent au poste COOPEC le plus proche de sa colline de résidence. « Avec cet argent, j’aimerais reprendre mes études », dit-il.
Isidore, père de 6 enfants, pense que la mesure sera très utile: « pour une famille nombreuse comme la nôtre, il est difficile de se réintégrer dans la vie de tous les jours.» Isidore aurait cependant préféré qu’on lui donne l’argent en une fois : « j’aurais pu acheter ce dont on a besoin tout de suite ». Cette mesure prise par le HCR de débourser cette aide en deux tranches vise à éviter les vols, surtout durant la phase délicate de rapatriement. « A mon arrivée, je suis sûr de pouvoir compter sur la générosité de nos voisins afin qu’ils me prêtent quatre perches pour que je puisse y poser une bâche».
L’aide financière apportée aux rapatries n’est d’ailleurs pas une nouveauté, puisqu’elle a déjà servi plusieurs pays. Elle a pour but de soutenir les réfugiés dans leurs choix en facilitant le retour spontané à leur terre d’origine. Dans un pays en conflit comme le Pakistan, ce programme, lancé en 1992, a facilité le retour volontaire de 1 à 1,5 millions d’Afghans réfugiés au Pakistan.

Lamu: paradise of donkeys

Lamu, Kenya, september 2006

Small Island close to the Kenyan coast, Lamu is a historic town, result of a mix of East African, Omani, Yemeni, Indian, and some Portuguese and Victorian influences... As in other typical Medina's of North-Africa and of the middle-east, until recently, donkeys were the sole means of transport (by land). There are an estimated 2,200 donkeys on the island which are used in agriculture and in carrying household provisions and building materials.
Worried by the poor conditions of the donkeys, Dr. Svendsen who first visited Lamu in 1985 on holiday gave a first impulse to the creation of a centre to improve and follow-up donkey’s health conditions. Since it opened its doors in 1987, the Donkey sanctuary provides treatment to all donkeys free of charge, and Lamu residents widely use it.
Kadija, who has been working at the centre for a few years now, told me about her first day at the centre. It was the first time she saw a birth: “the donkey gave birth, but didn’t survive”. She felt sorry for the little donkey and had to feed him every 2 hours. After a whiled, she decided to buy the baby donkey to work on their farm when he would grow older. “They deserve to be well treated. They are the ones that build our houses, transport the sick people...” She said to me.
The twice-yearly de-worming program and a diffused vaccination program (mainly against tetanus) have contributed immensely to the better health of the donkeys. Thaw a lot of progress has been made, a lot of donkeys still suffer from stomach problems. These problems are due to the ingestion of plastic bags during the dry season. Once the rains stop, donkeys start looking for other sources of food. Plastic bags filed with garbage are a major problem.
Another think the center does, is to buy the old donkeys to the farmers and keep them on a farm for the rest of their lives. As for the orphans, they are also kept in a farm for two years before they start working.
But in Lamu, donkeys are not the only ones to have conquered the hard of men. A mobile clinic for cats was created on septemmber 1992, and on November 1992, the WSPA Lamu Hospital ya Puka (Hospital of Cats) was opened.

Desculpe, não tem Super-glue 3, para colarmos o nosso filtro a gasóleo ?

Março 2007, Goma, Kivu, República Democrática do Congo :

Partimos cedo em direcção a Kisoro, à fronteira com o Uganda. Esperámos que o "matatoo" enchesse, e hora e meia depois, estávamos departida. No leste africano, o "matatoo", pequeno autocarro que pode conter entre 18 a 24 passageiros ou mais, é "o" meio de transporte mais usado. Quando se viaja de matatoo, convém chegar sedo de modo a ocuparos lugares dianteiros, mais confortáveis e capazes de absorver os choques da estrada em más condições.
O condutor do autocarro chama-se Olivier. Com ele, viaja o irmão mais novo, Thierry, que quer também mais tarde trabalhar como condutor. À saída de Goma, a vista do vulcão Nyiragongo é magnifica. Em swahili, Goma, significa musica e também tambor. Talvez se trate da musica, do dum dum do Nyiragongo… Pelo caminho encontramos patrulhas mistas entre rebeldes (faixa vermelha) e soldados governamentais Congoleses (faixa verde); mamas a transportarem jarras; crianças em bicicletas artesanais feitas de madeira e pneu recuperado... As barragens policiais (3 no todo) sucedem-se. Os policias, de estrela azul no capacete, reagem de sorriso estampado nas caras aos nossos sucessivos:"Bonjour mon Colonel", "à bientôt mon General".... A pesar de estarmostodos os 3 de bagagem sobre os joelhos, não paramos de fazer fotos aos passantes, de observar, e quando a ocasião se apresenta, de rir às gargalhadas. A 10 km da fronteira, o matatoo avaria. Olivier, condutor avisado, abre o motor e extrai o filtro a gasóleo, para limpalo. Para abrir o filtro necessita de ajuda, e chega o irmão mais novo com chaves de fenda, para fazer alavanca. Para as chaves entrarem hà que martelar um pouco nelas, só que Thierry, que ainda não controla bem a sua forca, com a ajuda de uma pedra, da um golpe demasiado forte. Imediatamente, constatamos que o filtro esta partido. Olivier olha com ar ameaçador seu irmão mais novo e obriga-o a ir comprar cola Super-glue 3 para quese possa colar o filtro. Entretanto, tentamos arranjar a dita peca comcola UHU, mas sem sucesso. Com o calor todos saem do autocarro. Algumas mamas, pouco confiantes nas capacidades do Olivier decidem continuar ate à fronteira de taxi mota. O Bruno, que ia sentado atrás, lentamente tenta esticar os membros doloridos pelas múltiplas contusões sofridas por causa do estado da pista. O André, entusiasmado com esta paragem no meio do nada, começa a fotografar as crianças em redor.
Neste clima de descontracção, a espera torna-se agradável, e 45minutos passam num instante, ate que volte o thierry. Um dos passageiros, especializado em canalizações, propõe-se para colar o filtro. Pouco importa quem é o executante, todos confiam no poder magico da Super-glue3! Ao girar a chave de contacto, o motor romba logo à primeira e os nachukuro mungu (agradeço a Deus) acompanham o ritmo desafinado do toyota 2.400 cc . Arrancamos para a fronteira e temos direito a um pedaço de cana de açúcar, talvez por termos contribuído com ondas positivas à resolução do problema. A chegada está uma das mamas com quem viajàmos e que, desconfiada, resolveu continuar de taxi mota. Sem pestanejar viro-me para ela e pergunto:"Com'é mama? Não confias nos super-poderes da Superglue 3?"



Un tournoi de Football pour Enfants

Buterere, Burundi, le 22 Mai 2007

David a 5 ans et il habite le quartier de Buterere, à quelques kilomètres de Bujumbura. Chaque matin il se réveille et se rend en ville à pieds avec sa petite sœur Elisa pour mendier un peu d’argent. Il lui arrive aussi de dormir dans la rue à Buja, lorsqu’il est trop tard pour rentrer. D’autres n’ont pas la chance qu’il a, d’avoir une maison et une mère.
Chaque fois que l’on se rencontre, après nous être salués, il me lance son habituel : « Nasikia njaa sana », j’ai très faim en kiswahili. De temps à autre, je lui offre un verre de lait et c’est l’attroupement. Tous les enfants des rues aux alentours accourent et le nombre de verres de lait à distribuer décuple. Jour après jour, la scène se répète et me laisse perplexe sur l’avenir de ces petits « bouts de choux ».
Le hasard veut que je rencontre Stéphanie et Mervyn et qu’ensemble nous décidions d’organiser un tournoi de foot pour filles et garçons. Mervyn est éducateur sportif et a déjà organisé ce genre d’événement. Stéphanie travaille aussi comme éducatrice au Centre Jeunes de Kamenge. En quelques minutes nous définissons les grandes lignes du tournoi : participation, financement, date, lieu, etc. Le lendemain, nous nous rencontrons au Cayor, petit restaurant au centre-ville pour la distribution des tâches. Les enfants sont là aussi et nous leur donnons rendez vous l’après-midi pour participer aux entraînements qui se tiendrons tous les jours de 16h30 à 18h.Une cinquantaine d’enfants viennent au premier entraînement. La fondation STAMM amène 20 enfants encadrés par deux animateurs. Les autres bambins sont des enfants de la rue mélangés à d’autres enfants venus des quartiers avoisinants. Mais le nombre des enfants venus participer aux entraînements ne cesse d’augmenter. Quelques amis burundais travaillant en milieu associatif viennent nous prêter main forte. Nous sommes très vite obligés de ne donner les entraînements qu’aux plus petits. Les plus grands restent au bord du terrain. Mervyn a une idée géniale, responsabiliser ces grands et les faire participer en temps qu’entraîneurs, arbitres, porteurs de ballons... Les enfants s’exécutent de façon tout a fait responsable et volontaire. Tout ce qu’il veulent, c’est participer. Le jour du tournoi, David n’est pas la, mais 140 enfants répondent à l’invitation et viennent ainsi former 14 équipes de 9 à 10 joueurs réparties en 4 poules. Chaque équipe a choisi son nom et son capitaine. Sur une moitié de terrain, nous constituons 4 petits terrains avec des chaises. Ce dernier à 10h30 les matches commencent enfin, et à tout moment les équipes sont encouragées par les autres enfants qui ne jouent pas et attendent leur prochain match. Les arbitres, à peine plus grands que leurs cadets font la loi sur le terrain et sont respectés par les plus petits.
Ils sont tous fiers avec leur sifflet au-tour du cou et leur casquette à l'emblème du programme VNU. En finale, le Brésil, équipe constituée par des enfants de la rue fait match nul avec SOS. Après la finale, tous les joueurs sont réunis devant la buvette pour la remise des cadeaux effectuée par Alexandra Castillo, Chargée de programme VNU. Lorsqu’ Alejandra remet les trois coupes de finalistes ainsi que les autres prix, on a pu lire toute la joie et la satisfaction sur le visage des enfants.Le soir, nous faisons le bilan. Il s’agissait pour nous d’essayer de transmettre et développer certaines valeurs liées à la pratique des sports en équipe : Respect du collectif, Confiance en soi et en l’autre, Ecoute, Volontariat… Tout au long des entraînements et du tournoi, les enfants ont été encadrés, responsabilisés et sensibilisés au respect des règles imposées par la compétition et ils s’en sont très bien sortis. Mais tout de même, nous restons perplexes. Pendant le tournoi et les entraînements, ces enfant n’ont rien mendié et donc rien ramené à leurs parents.
Peut-être ont-ils été battus par leurs parents à cause de cela. Comme quoi, une bonne action peut en cacher une mauvaise… Sans doute David n’a-il pu participer au tournoi parce que sa mère l’a exigé, et ce afin qu’il puisse continuer à contribuer aux revenus de la famille. En tout cas, le bilan reste très positif. Ces enfants en manque d’affection ont, pour la durée du tournoi, retenu l’attention des organisateurs, moniteurs, spectateurs et autres participants. La main sur le cœur, ils ont chanté leur hymne national. Les yeux rivés sur eux, d’autres enfants les ont applaudis et admirés. Tout ce que ces enfants demandent dans le fond, c’est un peu d’attention et ils en ont eue l’espace de ce tournoi.

Les décharges de Bujumbura

14 Février 2007, Bujumbura, Burundi:



La semaine dernière, je me suis rendu dans une décharge à quelques kilomètres de la ville. En réalité, il existe une profusion de décharges à Bujumbura. Ces décharges se trouvent en général à proximité des grands marchés et ne passent pas inaperçues. Elles laissent une odeur caractéristique. D’ailleurs, plus qu’une odeur, il s’agit d’un amalgame de différentes odeurs. J’ai parfois l’impression que ces odeurs veulent faire la course entre elles et c’est la plus nauséabonde qui remportera le prix d’excellence.
Ces ordures sont en général jetées par les marchands eux-mêmes. Il s’agit d’épluchures, de feuilles d’épis de mais, de fruits pourris, de sacs, d’emballages plastique, de cartons, etc. De temps à autre, lorsqu’il y a des camions disponibles, entre deux pannes, ces ordures, en lisière des marchés, sont transportées hors de la ville par les services municipaux.
C’est ce qui s’est produit cette semaine. Une pelle mécanique et deux camions ont suffi a créer un va-et-vient entre le marché de Jabe et la commune de Buterere, à 10 km de Bujumbura.
La radio à fond, recourbé sur son volant, le chauffeur du camion, un «mswahili» d’une quarantaine d’années, habitant de Buyenzi ne m’a rien demandé, pas un franc pour faire partie du voyage. Il m’est devenu très vite sympathique et je l’appelle «mzee» (vieux), en signe de respect. Nous arrivons à un barrage de police et l’on nous signale qu’il y a un trou, qu’il est donc impossible de passer et qu’il nous faut rebrousser chemin. Pourtant, le véhicule qui nous précédait est passé sans histoires, et le trou ne semble pas vraiment poser de problème. Nous rebroussons donc chemin et prenons un détour jusqu’a la décharge de Buterere.
Le «mzee» m’explique que nous serions passés sans problème en donnant 500 francs, soit moins d’un demi dollar américain. Il accompagne la musique en fredonnant les paroles de la chanson, fameuse dans toute la sous région : « Mtampata wapi kama yule… nimpende anipendi…. Shidda zake ziwe zangu, shidda zangu ziwe Zake…. » (J’en trouverai où, une (autre) comme celle-là… que je l’aime et qu’elle m’aime… ses problèmes sont les miens, mes problèmes sont les siens...). Pour le «mzee», c’est ainsi que les choses doivent marcher dans un couple. Bon ou mauvais, tout doit être partagé : Les problèmes, les joies, les frustrations, la faim…. «Si la sœur de ta femme a un problème, c’est aussi le tien.» m’assurait-il d’un air peu convaincant, comme s’il voulait se plaindre des derniers agissements de sa femme.
Entre temps, nous arrivons à Buterere. Apercevant les premières ordures, je descends et commence à faire quelques images. Plus loin le camion s’arrête et commence à décharger les ordures en bordure de la route. Un jeune gars qui habite à proximité, munit d’une pierre, n’arrête pas de crier et de gesticuler en frappant de temps à autre un bon coup sur la carcasse décrépie du camion : «Ni barabara hapa.» (C’est une route ici). Cette route, qui mène à sa maison est partiellement obstruée par les nombreux déchets. Le «mzee» semble se rendre à l’évidence et décide d’aller décharger ses ordures quelques mètres plus loin.
Tout autour les gamins rigolent et aussi tôt le camion repartit, ils le suivent en essayant de s’accrocher dessus. C’est que les déchets du camion n’on pas été fouillés et une bonne trouvaille pourrait constituer un met de choix pour le repas de la soirée… Les femmes sont déjà là, munies d’un petit bâton afin de pouvoir creuser dans le tas. Tous cherchent ce qui pourrait être encore mangé ou utilisé. Ces ordures iront, pour la plus part, nourrir les poulets à la maison ou même, peut être, les vaches et les chèvres, pour ceux qui ont la chance d’en avoir. Parmi les prétendants au butin final, il y a aussi un gros cochon tout noir qui, avec son museau, remue et fouille dans le tas. Pas de pitié, il mange tout ce qu’il trouve sur son passage.
Derrière, un enfant ramasse une orange, et commence à la manger. La plupart de ces enfants sont trop occupés par l’arrivage de la précieuse cargaison pour me demander quoi que ce soit.
Non loin, au bord de la route, le « mzee » s’impatiente. « Tuende sasa ? (On y va maintenant ?) », me lance-t-il.